Lyon (France) n’est ni une ville américaine, ni un port négrier. Or, une tradition de pratique chantée des Negro spirituals y est née en 1948. Elle s’est ensuite répandue, en Europe et au-delà, par l’intermédiaire d’un homme d’origine antillaise nommé, pour y enseigner l’anglais, dans un grand lycée de la cité du confluent du Rhône et de la Saône : Louis Thomas ACHILLE.
Au moment où sa Martinique natale venait de rejoindre les départements français (1946) et où la France tentait de se remettre de la Deuxième Guerre Mondiale, le Lycée du Parc de Lyon commença à entendre résonner dans une salle de classe des chants d’esclaves Noirs-Américains que ses élèves ignoraient auparavant. Or, le professeur-chanteur, qui en avait eu l’initiative, pratiquait une pédagogie plutôt inattendue, inspirée par les neuf années qu’il avait passées aux U.S.A. avant-guerre. Il s’apprêtait à fonder le « Pak Glee Club ».
La « saga Park Glee Club » débutée par ce professeur agrégé pendant un cours d’anglais aura touché trois générations de choristes. Au-delà des rythmes entraînants au caractère exotique, la chorale a consacré quasi-exclusivement son répertoire aux Negro spirituals, sensibilisant alors les élèves lycée du Parc, qu’ils fussent choristes ou non, aux questions de l’esclavage, des droits civiques, de la justice, de la spiritualité, de la paix, de l’altérité, de la mondialisation culturelle, etc.
70 ans après la naissance de la chorale créée et dirigée jusqu’à la veille de sa mort par leur père, à l’occasion de cet anniversaire, les descendants de Louis Thomas ACHILLE vous invitent à plonger dans le phénomène hors normes que fut le Park Glee Club pendant 46 ans, en signe de fidélité à ses ambitions : proposer une pratique culturelle populaire ouvrant le cœur et l’esprit, par un chant qui s’inspirant de la Bible, principalement de l’Ancien Testament, appelle à la libération.
Conscient que seule l’originalité de son parcours avait permis la naissance du Park Glee Club, Louis Thomas ACHILLE savait que si ses choristes souhaitaient continuer à chanter ce répertoire après son décès, ils devraient le faire sous un autre nom, afin de préserver leur liberté de trouver une formule à leur convenance. Aujourd’hui, on chante encore des Negro spirituals à Lyon.
Ce qui a caractérisé le Park Glee Club c’est qu’on ne se contentait pas de chanter. On se pénétrait, par le souffle du contenu, du sens, de la spiritualité de ces chants d’esclaves et de l’accompagnement incarné par Louis Thomas ACHILLE, qui délivraient ainsi un message d’espoir, de justice et de paix. Des valeurs dont l’humanité a toujours besoin pour sortir des nouveaux esclavages.
Les publications sur le Park Glee Club, issues des archives de son fondateur-directeur, que nous commençons à proposer ici, s’échelonneront au fil de cette année-anniversaire et se poursuivront au-delà. A leur lecture et à leur écoute, peut-être vous laisserez-vous saisir par la puissance libératrice des Negro spirituals, en vous mettant, à votre tour, à les chanter.
« Oh Lordy, save me ! » (from : « The blind man stood on the road and cried »)
« Oh, Seigneur, sauve-moi ! » (extrait de : « L’aveugle, se tenant sur la route, s’écria »)
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