L’été 2024 avait débuté avec le jaillissement des eaux de la Seine de la statue dorée de Paulette Nardal, au sein du tableau « Sororité » lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (notre ancien éditorial).
Depuis les statues de ces 10 héroïnes féminines, honorées pendant PARIS 2024, ensoleillent la cour principale du palais Bourbon où siège de l’Assemblée nationale. C’est là que les élus du peuple votent nos lois ; un symbole puissant au regard de la place des femmes dans l’histoire et dans la loi.

Or, ce haut-lieu de la République ne participe pas seul à la réparation de l’oubli historique de certaines femmes et de certains hommes. Touchés par l’esclavage, ils et elles avaient su opposer une résistance à l’esclavage et à ses conséquences. Des rues et des établissements publics ont déjà reçu certains de ces noms. Maintenant, pour les voyageurs, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage propose (avec SNCF Gares & Connexions et avec le soutien de la CASDEN) jusqu’au 31 octobre en accès libre, l’exposition : « RESISTANT(E)S contre l’esclavage »

Pierre-Yves Bocquet directeur adjoint de la FME commentant l’exposition pour le public lyonnais
Parvis Charles Béraudier (en travaux) gare de Lyon Part-Dieu – 09/10/2024 – photo © J.L. Achille

Gare de Paris Gare-de-Lyon (23 portraits) – Gare de Lyon Part-Dieu (17 portraits)
gare de Marseille Saint-Charles (9 portraits) – Gare de Toulouse Matabiau (17 portraits)

Parmi ces portraits, on retrouve à Paris gare de Lyon, Paulette Nardal, cousine de Louis Thomas Achille, née 48 ans seulement après la deuxième abolition de l’esclavage par la France.
Au début du XXème siècle, cette jeune martiniquaise sera l’une des premières étudiantes noires inscrites à la Sorbonne. Avec deux de ses sœurs elle sera à l’origine d’une prise de « conscience noire » décisive.

Depuis lors, des descendants de personnes esclavagisées ou colonisées ont pu redevenir sujets de leurs propres vies, à une époque où l’empire colonial français était à son apogée symbolisée par l’Exposition coloniale de 1931 au Bois de Vincennes).
En 1931-1932 à Clamart, Paulette créera une revue fondatrice, à laquelle contribueront Noirs et Blancs, La Revue du Monde Noir, dont son cousin Louis Thomas Achille et le lyonnais Joseph Folliet, feront partie des rédacteurs. Louis T. Achille en a préfacé la réédition en 1992 aux éditions Jean-Michel Place.

Gare de Lyon (Hall 3) 10/2024 – Photo © FME (avec son aimable autorisation)

Mais l’engagement de Paulette et de ses sœurs ne sera pas uniquement culturel ; il sera aussi pédagogique, sanitaire et social, scientifique, à la Martinique et dans l’Hexagone. Il sera aussi politique, y compris dans sa dimension internationale. Lire la récente biographie des sœurs Nardal parue ce printemps chez Autrement.
C’est l’exemple de Louise Achille épouse Nardal, mère des sept filles, qui avait éveillé chez Paulette et ses sœurs cette conscience sociale que nous dirions aujourd’hui « humaniste et humanitaire ».

Elargissons à présent la focale aux deux rives de la Méditerranée avec un nouvel article Fanon et Achille en même temps à Lyon.

Plus récemment, c’est le psychiatre, écrivain et activiste Frantz Fanon, autre grande figure martiniquaise, qui vient d’être célébré à Lyon lors d’un événement en deux temps : projection d’un documentaire inédit Lyon, dans le sillage de Frantz Fanon et colloque Frantz Fanon et Lyon.
Lyon qui a aussi été la ville d’adoption de Louis Thomas Achille de 1946 à son décès en 1994.

Les enfants de Louis Thomas Achille
Octobre 2024

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« Nous avons vu qu’il y a des intellectuels.
Et pour les peuples noirs, comme pour les blancs,
joue la loi sociologique qui veut que
les sentiments et les idées des individus
subissent l’influence des conditions sociales dans lesquelles ils vivent.
De plus, la civilisation d’un peuple donné dépend, en premier lieu,
de sa manière de vivre qui est, elle-même, en majeure partie,
l’expression des conditions géographiques,
lesquelles ont favorisé les migrations des peuples
et ont entraîné des amalgames de civilisations. »

Paulette Nardal
in Univers : bulletin catholique international n°2 – février 1935
Conférence donnée aux journée
Ad Lucem de Nice le 20 juillet 19341

Citation tirée de « Ecrire le monde noir – Premiers textes, 1928-1939 Paulette Nardal »
textes réunis et introduits par Brent Hayes Edwards et Eve Gianoncelli, éditions Ròt-Bò-Krik – 2024

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