La Normandie et la traite négrière, trois expositions

Les villes de Nantes, Bordeaux et La Rochelle sont connues comme les principales villes négrières françaises du commerce triangulaire. Mais toute la façade maritime ouest de la France a participé à la traite négrière.

Une initiative qu’il convient de saluer a été prise en 2023 par un groupe de collectivités et d’institutions culturelles normandes pour mettre en lumière le rôle de la Normandie dans la traite négrière et la pratique de l’esclavage, en écho aux réalisations déjà existantes sur ce thème, notamment à Nantes. Cette triple exposition a reçu le label « Exposition d’intérêt national » du ministère de la Culture.

Le musée de la Corderie Vallois, à Notre-Dame-de-Bondeville (Rouen), l’hôtel Dubocage de Biéville (Le Havre), et le musée Eugène Boudin (Honfleur) se sont associés en 2023 pour faire connaître cette face cachée de l’histoire normande.

Le musée de la Corderie Vallois a intitulé son exposition « L’envers d’une prospérité. » Au-dessus des ateliers de la corderie encore en activité se tient une exposition sur le rôle de Rouen dans la traite esclavagiste : la ville était le « poumon financier » de ce trafic. Au milieu des objets, documents, tableaux et cartes, deux artistes contemporains, Nicola Lo Calzo et Emmanuelle Gall interprètent cette histoire jusqu’ici occultée avec un regard contemporain.

L’exposition du Havre a pour titre « Fortunes et servitudes ». On y trouve de nombreux éléments prouvant que la vocation maritime du Havre, encore primordiale aujourd’hui, s’exprima largement dans la traite négrière.

L’exposition au musée Eugène Boudin d’Honfleur, « D’une terre à l’autre », met l’accent sur l’aspect maritime et géographique, sur le processus de la traite et sur les problématiques liées à la navigation.

Dans les trois expositions, des documents manuscrits d’époque donnent une idée précise et saisissante de l’organisation minutieuse de la traite, dont toutes les phases, de l’armement du navire au sort des Africains déportés en passant par les marchandises vendues, achetées ou échangées, sont dûment consignées. Des objets, tableaux, cartes, maquettes, portraits d’armateurs sont présentés avec des explications toujours claires et informatives. L’accent est également mis sur le fait que durant toute la période précédant 1848, date de l’abolition de l’esclavage en France, c’était toute une économie locale qui vivait de l’exploitation des ressources des colonies, des armateurs aux capitaines de navires, des marins aux ouvrières du textile.

Ces expositions marquent une étape supplémentaire dans le travail national de mémoire et éclairent d’un jour enfin dévoilé un pan jusqu’ici dissimulé de l’histoire de la Normandie.

Le catalogue, unique pour les trois expositions, est publié aux éditions Silvana Editoriale, il est disponible dans les boutiques des trois musées au prix de 30 € ou à commander chez votre libraire.

www.esclavage-memoires-normandes.fr

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