I WILL WALK ON MY OWN LEGS (fa)
paroles et musique Louis Thomas Achille
Origine du « Negro spiritual lyonnais »
Ce Negro spiritual fut été composé en 1956 à Lyon (France) par Louis-Thomas ACHILLE, martiniquais noir descendant d’esclave, après son séjour universitaire de neuf années avant la Seconde guerre mondiale aux Etats-Unis d’Amérique, en pleine ségrégation raciale. Il est dédié au pasteur Martin Luther KING Jr.
Il fut inspiré à son auteur par sa propre expérience des transports en commun américains, séparés en deux parties, et par le boycottage des autobus à Montgomery (Alabama) suite au refus de Rosa Parks d’aller s’asseoir à l’arrière de l’autobus là où, à l’époque, étaient cantonnés les Noirs-Américains. Cet événement historique contribua largement à lancer Martin Luther KING Jr., alors pasteur baptiste dans la ville.
Extrait d’un entretien de L. T. Achille avec Michel Chartier (1974)
...il y en a un qui est et qui a été offert à Martin Luther King et qui l'a reconnu et qui l'a béni; il lui avait été envoyé. Il l'a donc connu avant sa mort. C'est un chant qui a d'ailleurs été présenté à la radio de Lyon ... c'est un hommage à la première manifestation (action politique sociale de Martin Luther King) c'est-à-dire la grève, le boycott des autobus de Montgomery dans l'Alabama. C'est là que sa carrière politique a commencé et le spiritual, je l'ai présenté d'ailleurs au 1er Congrès des Artistes et Ecrivains Noirs à la Sorbonne en 1956.
Lancement international au cours d’un événement historique
L’année-même de la composition de son « Negro spiritual lyonnais » Louis Thomas ACHILLE eut l’honneur de l’interpréter lui-même à la tribune du premier Congrès international des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne à Paris 5° (organisé par Alioune DIOP et la revue « Présence africaine » dont ce dernier était le fondateur).
Dans l’archive audio de l’INA de septembre 1956, l’intervention de Louis Thomas ACHILLE débute à 7:36:56
Ecouter I WILL WALK ON MY OWN LEGS présenté et interprété par son auteur au micro d’Emmanuel PAYEN pour Radio Fourvière (future RCF) en 1984 :
L’auteur s’accompagne lui-même au piano, à son domicile lyonnais.
Introduction parlée, de et par Louis T. ACHILLE
Qu’il est chaud, le soleil de Géorgie,
surtout lorsque l’on marche dans ses rues d’Atlanta, en plein midi,
au lieu de prendre le tram !
Car dans le tram, quand on est Noir,
il faut s’asseoir par derrière;
derrière les Blancs.L’ordre, à cette époque, l’ordre social,
c’était que les Noirs étaient toujours
après les Blancs.J’ai préféré, alors, marcher à pied,
sous le soleil de Géorgie
plutôt que de m’asseoir derrière n’importe qui,
pour des raisons raciales.Trente ans après,
des gens de l’Alabama, de Montgomery dans l’Alabama,
en ont eu assez de toujours s’asseoir derrière les autres;
ils ont fait la grève,
grève des transports publics qui dura dix-huit mois.
Après quoi, la ségrégation disparut de ces transports publics.Et, c’est ainsi que Martin Luther KING fut invité à jouer un rôle social,
lui qui était pasteur d’une Église de la ville de Montgomery.A lui est dédié ce spiritual lyonnais qui dit :
Paroles et traduction
La traduction française (en italique), écrite par Louis Thomas ACHILLE, ne peut pas être chantée telle quelle.
1.
I will walk on my own legs ’til Kingdom come (bis)
I will walk on my own legs
‘Til my brother shakes my hand
I will walk on my own legs ’til Kingdom come.
« J’irai à pied sur mes deux jambes
jusqu’à l’avènement du Royaume.
Je marcherai sur mes deux jambes
jusqu’à ce que mon frère me serre la main. »
2.
« Go an’ sit back » he said to me ’til Kingdom come (bis)
« Go and sit back, where you belong »
And my brother didn’t shake my hand
« Go and sit back » he said to me ’til Kingdom come.
(parodiant le conducteur d’autobus)
« Va t’asseoir au dernier rang, m’a-t-il dit,
jusqu’à l’avènement du Royaume.
Va t’asseoir, au dernier rang.
C’est là ta place.
Et mon frère, ne me serra pas la main. »
3.
My Lord said : « Come an’ sit front » ’til Kingdom come (bis)
My Lord said : « Come an’ sit front » ’til Kingdom come,
And I’m gwingter sit by your side »
My Lord said : « Come an’ sit front » ’til Kingdom come.
Le Seigneur me dit :
« Viens t’asseoir au premier rang
jusqu’à l’avènement du Royaume.
Le Seigneur me dit :
« Viens t’asseoir au premier rang.
Et c’est moi qui m’assiérai près de toi. »
4.
I will walk on my own legs ’til Kingdom come (bis)
I will walk on my own legs
‘Til my brother shakes my hand.
I will walk on my own legs ’til Kingdom come.
« J’irai à pied sur mes deux jambes
jusqu’à l’avènement du Royaume.
Je marcherai sur mes deux jambes
jusqu’à ce que mon frère me serre la main. »
Louis Thomas ACHILLE – LYON – 1956
Voir l’une des premières édition des paroles écrites par Louis Thomas ACHILLE
L’écouter interprété par le Park Glee Club®
« I will walk on my own legs »
paroles et musique Louis Thomas ACHILLE – Lyon (France) – 1956
interprétation : Park Glee Club direction Louis Thomas ACHILLE
extrait d’une émission de Maurice Jacob sur Radio-Lyon – 1975
restauré par Jean-Louis ACHILLE en 2018
Un récit de Martin Luther KING Jr. comme en écho au spiritual lyonnais
Le 11 décembre 1968, la MANIFESTATION EN HOMMAGE A MARTIN LUTHER KING, récemment assassiné, rassembla à la Bourse du Travail de Lyon, une foule qui se souvenait de sa venue le 29 mars 1966 dans ce même lieu emblématique de la militance lyonnaise.
Des Negro spirituals furent interprétés par le Park Glee Club® sous la direction de Louis Thomas ACHILLE. Ce dernier fit reprendre certains spirituals par l’assemblée dont celui de sa composition.
Lecture fut faite de plusieurs textes dont un, écrit par celui qui avait été lâchement assassiné le 4 avril précédent. Ce récit fait écho au spiritual écrit à Lyon en 1956 par LTA, en solidarité avec l’action historique de Rosa PARKS.
Médias
Texte original et traduction de Louis T. ACHILLE – 1956
publiés dans le Numéro Spécial 8-9-10 de la revue PRÉSENCE AFRICAINE
(réédition en novembre 1997 page 233, texte anglais page 234).
Paroles et traduction prononcées par l’auteur à La Sorbonne (PARIS V°) au 1er Congrès des écrivains et artistes noirs (19-22 septembre 1956)
Texte intégral, contextualisation et traduction parlées (enregistrement audio disponible auprès de l’ INA).
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