Pratique de la diaspora, littérature, traduction et essor de l’internationalisme noir est l’ouvrage de référence, désormais traduit en français, sur ce mouvement marquant du XXème siècle.
Brent Hayes Edwards y dresse le tableau de l’émergence de la conscience Noire à une échelle mondiale par la rencontre d’acteurs Africains, Afro-Américains, Antillais et Européens.
Dans le récent documentaire Les sœurs Nardal, les oubliées de la négritude réalisé par M-C Gambart en 2021 pour La Case du Siècle – Outre-mer (diffusé le 12 mars 2023 sur France 5) Brent Hayes Edwards confirme le rôle majeur qu’ont joué les cousines Nardal et leur cousin Louis Thomas Achille dans l’émergence d’une prise de conscience noire, à Paris dans les années 1920-30.
Le creuset
Les 30 premières années du XXème siècle sont une période exceptionnelle par la densité de ces contacts, l’intensité du partage d’idées, la richesse de la production intellectuelle et littéraire, ainsi que l’émergence des figures historiques autour de l’idée de « négritude ».
Paris en est alors l’épicentre car c’est là que peuvent se rassembler tous les acteurs de ce mouvement dans une liberté – qui n’exclut nullement le racisme – en contraste total avec la ségrégation raciale la plus brutale aux Etats-Unis d’Amérique et le régime colonial en Afrique comme aux Antilles. Ces dernières ne deviendront départements français qu’en 1946.
Louis Thomas Achille figure à plusieurs reprises dans l’ouvrage, notamment au chapitre 3 Féminisme et internationalisme noir – Paulette Nardal car il a vécu cette période au plus près de ses cousines Nardal, de leur salon du 7 rue Hébert à Clamart et de La Revue du monde Noir, ces creusets où elles fondèrent en pionnières les bases de ce qui allait devenir, sous la plume d’Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, la « négritude ».
Emergence d’une conscience noire
et constitution d’un corpus
L’ouvrage retrace cette genèse et analyse précisément ce processus au cœur de la construction des idées et de la tension entre, d’une part, le référentiel culturel français et européen, et d’autre part la naissance de la conscience d’être noir. A l’apogée de l’empire colonial français, ce moment de bascule est d’une grande importance historique car il établit déjà les bases de ce qui conduira à sa fin, trois décennies plus tard, où vont se croiser le grand vent mondial de décolonisation, les indépendances africaines et le mouvement des droits civiques états-unien.
Louis Thomas Achille a été l’un des seuls français à pouvoir maintenir un lien étroit et durable entre ces acteurs puisqu’après avoir été l’un d’eux à Paris dans les années 20, aux côtés de ses cousines Nardal et de son camarade de khâgne Senghor, il passera une décennie 30-40 aux Etats-Unis d’Amérique. C’est là qu’il approfondira les liens avec les grandes figures Afro-Américaines que sont Ralph Bunche, Countee Cullen ou encore Alain Locke. Ce dernier est l’éditeur du manifeste de la Harlem Renaissance, The New Negro paru en 1925, pendant Afro-Américain de La Revue du monde noir, sorti 6 ans avant elle et 10 ans avant que ne soit forgé le mot « négritude ».
Un regain d’intérêt venu des Etats-Unis
La parution en 2003 de The Practice of Diaspora aux Etats-Unis, puis la sortie en français en 2024 de Pratique de la diaspora, littérature, traduction et essor de l’internationalisme noir, est ainsi un évènement d’importance par l’accès élargi qu’il va permettre à cette fresque détaillée de ce mouvement qui aura modifié en profondeur les relations et la vie intellectuelle et littéraire internationales.
Etienne ACHILLE
7/4/2024
Ce livre est la traduction en français de l’ouvrage :
(par Jean-Baptiste Naudy et Grégory Pierrot en 2024)
Literature, Translation,
and the Rise of Black Internationalism
ISBN 9780674011038
Publié le : 07/10/2003
Awards
2004, Winner of the John Hope Franklin Publication Prize
2004, Winner of the Gilbert Chinard Prize
Radio
Brent Hayes Edwards et sa pratique de la diaspora noire
Autres livres
Paru en avril 2024, chez le même éditeur Ròt-Bò-Krik
Du même auteur : Brent Hayes Edwards (avec Ève Gianoncelli)
ÉCRIRE LE MONDE NOIR
Premiers textes, 1928-1939 Paulette Nardal
L’anthologie Écrire le monde noir a été assemblée et éditée par deux spécialistes de l’œuvre de Paulette Nardal : Brent Hayes Edwards, professeur d’anglais et de littérature comparée à l’université Columbia à New York, et Ève Gianoncelli, politiste et chercheuse à Nord Universitet (Norvège) et à la Maison française d’Oxford.
Martinique 2024
Parution : le 19 avril 2024
ISBN : 978-2-9580620-9-5
384 pages
17.00 €
En complément
Vient de paraître : la première biographie des sœurs Nardal
Les sœurs Nardal – À l’avant-garde de la cause noire
Essai – paru le 17/04/2024 – éditions Autrement
Rencontrer auteurs et éditeur
- samedi 20 et le dimanche 21 avril, présentation de Écrire le monde noir
au Salon La Chèvre à Strasbourg ; - jeudi 25 avril, présentation de Écrire le monde noir,
librairie Le Silence de la mer, à Vannes ; - mardi 7 mai (ou le 6, à confirmer), lancement de Écrire le monde noir
Le Lamentin (Martinique) ; - vendredi 17 mai, Brent Hayes Edwards présentera Écrire le monde noir
à la Comédie du Livre, à Montpellier ; - mardi 21 mai, Brent Hayes Edwards fait une présentation de Pratique de la diaspora,
Le Monte-en-l’air, à Ménilmontant ; - jeudi 23 mai, Brent Hayes Edwards et Eve Gianoncelli font une présentation de Écrire le monde noir,
en ouverture du festival Haïti-Monde, à la librairie La Régulière, à la Goutte d’or, Paris; - samedi 8 juin, Sarah Frioux-Salgas présentera les livres publiés par Ròt-Bò-Krik
à la librairie du Contretemps, à Bègles (Bordeaux) ; - mercredi 19 juin, Eve Gianoncelli présentera Écrire le monde noir
à la librairie le Genre urbain, à Belleville. - calendrier des événements de l’éditeur Ròt-Bò-Krik
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