Lyon – 16 mai 1994
Funérailles de Louis Thomas ACHILLE

Après le décès subit de Louis Thomas ACHILLE, à Lyon le 11 mai 1994 dans sa 84ème année, la célébration de ses funérailles a rassemblé en l’église Saint-Pothin de Lyon 6° les nombreuses composantes d’un parcours vécu sur trois continents.
Récit.

Veillée

A la veille des obsèques de Louis Thomas ACHILLE, des Compagnons de Saint-François ainsi que des choristes du PARK GLEE CLUB® et de la Maison des Associations Culturelles de LYon (MACLY) se sont retrouvés autour de sa famille en l’église Saint-Pothin pour une veillée de prière.
Sous la conduite de Laurent Lathuilière, textes et chants, franciscains et africains-américains, alternèrent avec témoignages et méditation de la parole de Dieu.

Célébration chantée avec ferveur

« We are climbing Jacob’s ladder, soldiers of the Cross » (Negro Spiritual) ¹

Le 16 mai 1994, il était 14 h 30 quand s’éleva gravement un harmonieux cri d’espérance sous les voûtes de l’église paroissiale Saint-Pothin de LYON VI°. Choristes et anciens choristes du PARK GLEE CLUB® scandaient une dernière fois ce Negro Spiritual qui leur était si familier. Leurs voix empreintes d’une extrême émotion invitaient à s’élever, échelon après échelon comme sur l’échelle de Jacob, pour accompagner le corps de Louis Thomas ACHILLE décédé le 11 mai, veille de l’Ascension, à son domicile. Il était le fondateur-directeur de cette chorale lyonnaise de Negro Spirituals.

Ce chant sacré des esclaves africains-américains, repris par l’immense assemblée d’environ 1200 personnes, donna aussitôt le ton : un grand croyant venait d’achever son pèlerinage terrestre et montait vers Celui qu’il avait tant chanté et fait chanter. Famille, amis, paroissiens et connaissances, s’associèrent sans hésiter à cette élévation biblique de l’Ancien Testament.

On déposa le corps du défunt au pied des marches du chœur, à l’emplacement-même où le 11 décembre 1993, soit seulement cinq mois auparavant, Louis Thomas ACHILLE avait dirigé le concert du 45^ème anniversaire de la chorale du Lycée du Parc qu’il avait fondée en 1948 et qu’il avait animé la veille de sa mort, au sens propre du terme.

 » Evry rung goes higher an’ higher, soldiers of the Cross « ²

Le franchissement de l’ultime barreau de l’échelle de Jacob allait-il permettre au chef de chœur et professeur d’accéder en toute paix à l’éternité de Dieu ?

Témoignage d’un homme de foi

L’accueil de la paroisse Saint-Pothin, sous la forme d’un témoignage anonyme, fut rapporté par le curé Bruno BATAILLON qui présida la concélébration :

« Une femme qui venait pour les funérailles de son mari à la paroisse me disait qu’elle aimait venir à la messe à Saint-Pothin quand « le monsieur qui chante si bien » animait les chants et ce que disait ce monsieur pour présenter les chants me nourrit plus que ce que dit le prêtre ! ».

Paroissien au service de la communauté

Une fois à la retraite, Louis Thomas ACHILLE avait assuré pendant plus de vingt années l’animation liturgique dominicale à 11h15.
Au jour de ses funérailles, c’est son deuxième fils, Jean-Louis, qui eut l’honneur de coordonner l’animation liturgique, à la demande de sa mère, de ses frères et sœur.
Les choristes du PARK GLEE CLUB® regroupés dans les premiers rangs de la nef centrale, autour du corps de leur défunt chef, interprétèrent les Spirituals que Louis T. ACHILLE avait lui-même choisis pour son Passage.

Derniers instants du Park Glee Club®

Pour les choristes, l’émotion était à son comble car, Louis T. ACHILLE en avait décidé ainsi : le rassemblement pour ses funérailles serait le dernier pour le PARK GLEE CLUB®.
En effet, ce chœur de lycée était appelé à disparaître sous ce nom-là, avec son fondateur professeur du lycée du Parc, afin de permettre à des choristes de continuer à chanter en toute liberté, des Negro Spirituals et éventuellement d’autres répertoires, sous un nom davantage adapté à un contexte forcément différent.

Un chemin de foi

Quand vint le temps de la Parole de Dieu, elle retentit avec force dans l’épître aux Galates (ch. 3), proclamée par le pasteur luthérien Bruneau JOUSSELIN :

« Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec; il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. Et si vous appartenez au Christ, c’est vous qui êtes de la descendance d’Abraham; selon sa promesse ; vous êtes héritiers… ».

Par cette épître de l’apôtre Paul, ceux qui avaient chanté les Negro Spirituals avec Louis T. ACHILLE ou qui avaient cheminé avec lui sur la Route des Compagnons de Saint-François, retrouvèrent là cette folle espérance de libération qui traverse les millénaires. Tous savaient à quel point la confiance dans la parole du Christ était profondément ancrée en Louis Thomas.

Après l’évangile (Jean 16, 20-23a), le père Bernard Theveniau, ancien curé de Saint-Pothin, commenta la disparition de son ancien paroissien en s’écriant :

« Louis T. ACHILLE est entré dans la plénitude de la joie de Dieu… »
puis
« …Combien ce professeur mais également époux, père et grand-père, [il] fut un « ambassadeur du royaume de la joie de Dieu…, témoin de la joie, à l’image du Petit Pauvre d’Assise. »

Un « à Dieu » ouvert à la vie

Plusieurs formes d’expression ont contribué à la riche diversité de la liturgie :

• Installation à l’entrée de l’église du tableau grand format de Denis SERVANT, choriste-peintre ayant chanté avec LTA, sur le thème de la souffrance et de l’espérance dans les Negro spirituals, (parallèle Jourdain / Mississippi³)
  

• Prière universelle, action de grâces pour la vie de Louis T. ACHILLE, si riche en signes d’espérance.
  L’une des intentions, présentée par deux de ses petits-fils, demandait à Dieu sa force pour que chacun puisse demeurer fidèle à ses engagements.

• Echange de la Paix du Christ accompagné de la lecture de la prière attribuée à saint François d’Assise :
  « Seigneur, foyer d’amour, faites-nous brûler de charité »
  Invocation à la paix, l’un des axes fondamentaux des Compagnons de Saint-François auxquels Louis (Loulou) appartenait depuis 1930.

• Pour la communion, le père Guy de FATTO rappela que Louis était homme de communion, en pratiquant les chants sacrés des esclaves africains-américains. Aussi imaginait-il Louis, arrivant au Ciel, y créant une chorale dont l’un des choristes serait Jésus en personne !
  Cette représentation de Louis au Paradis sera également évoquée par plusieurs messages de condoléances de personnes qui n’ont pas pu participer aux funérailles : Louis Thomas aura laissé au fond des cœurs une véritable promesse chantante d’éternité !

Temps des témoignages

• au nom des Compagnons de Saint-François : Laurent Lathuilière.
  Ensuite, fut interprété par l’assemblée « L‘Appel de la Route », hymne écrit par Joseph FOLLIET, ami intime de Louis T. ACHILLE et cofondateur du mouvement Compagnons (sur l’air de l’hymne provençal « La Coupo santo ») :

« Route fière, de lumière, route des forts,
nous te suivrons jusqu’à la mort … »

• au nom de l’Amicale des Anciens Professeurs et Agents du Lycée du Parc :
  René COURBIN, ancien collègue d’anglais et ami de longue date.

• au nom des choristes de l’Atelier de Negro spirituals de la MACLY (Maison des Associations Culturelles de Lyon) : Joseph DESSENDRE.

• au nom des choristes du PARK GLEE CLUB® fondé et dirigé par Louis Thomas ACHILLE :
  Georges FERRAND.

• pour des raisons d’horaire de fermeture du cimetière, la famille dut demander à regret à monsieur Christian ZOHONCON, président de l’Association des Amis de Présence Africaine Grenoble, de surseoir à la présentation de son hommage.

A la sortie de l‘église, la paroisse prit une initiative exceptionnelle : elle confia aux cloches de l’église Saint-Pothin, par une envolée digne d’un matin de Pâques et non un traditionnel glas, le soin de partager à la population du quartier le message d’espérance et de joie délivré par la vie de l’un de ses habitants : Louis Thomas ACHILLE.

« I’m so glad troubles don’t last always ! »⁴

Rassemblement

La liturgie de funérailles aura été concélébrée par de nombreux prêtres venus d’horizons différents, avec une assemblée représentant les nombreux engagements de Louis Thomas ACHILLE :

• des Compagnons de Saint-François, les pères Desroches et Jean Lasnier, ainsi que par le père Pierre Lathuilière, théologien, responsable des Aumôneries de l’Enseignement Public du diocèse de Lyon, beau-frère de Jean-Louis ACHILLE.

• le père René Auboyer, responsable des Affaires culturelles du diocèse de Lyon, ancien aumônier du Lycée du Parc où enseigna le défunt.
  C’est également lui qui introduisit Louis Thomas ACHILLE à la présidence des destinées de Radio Fourvière, au moment de sa création.

• le père Emmanuel Payen, fondateur de Radio Fourvière (devenue depuis Fourvière FM puis RCF), président de la Fédération des radios chrétiennes de France.

• les prêtres du Prado :

  • Guy de Fatto, contrebassiste, ancien aumônier du monde du Jazz.

    

  • Christian DELORME, curé des paroisses Saint-Michel et Saint-André (paroisse de la communauté catholique africaine de Lyon), également chargé du dialogue avec le monde musulman.

• de la paroisse Saint-Pothin :

  • le père Bruno BATAILLON, curé.

  • le chanoine Claude PAIRE, vicaire.

                Deux anciens curés :

• • le père Louis de GALARD TERRAUBE, qui avait baptisé les 4 enfants de Louis Thomas ACHILLE.

  • le père Bernard THEVENIAU.

• le père Michel CHARTIER, ancien missionnaire au Sénégal, ancien rédacteur en chef de journaux des Œuvres Pontificales Missionnaires-OPM.

• le père Max BOBICHON, ancien aumônier de la Paroisse Universitaire, responsable du Service Coopération Développement du diocèse de Lyon.

• le pasteur Bruneau JOUSSELIN de la paroisse évangélique luthérienne voisine.

• de nombreux autres prêtres, pasteurs, religieux(ses) présents dans l’assemblée :

  • Pierre PRADAL, o.p., (dominicain) qui collabora avec L.T.A. à Radio Fourvière.

  • Bruno CHENU, a.a. (religieux assomptionniste), rédacteur en chef Religion du quotidien catholique La Croix et théologien.

  • Sébastien DEYRIEUX, recteur du sanctuaire Saint-Bonaventure, ancien responsable du département musique de Radio Fourvière, spécialiste de la liturgie.

  • Jean PRADEL.

  • Frédéric KIRCHNER, président de l’Église Réformée de Lyon.

  • des religieuses Filles de Saint-Paul.

  • des religieux Frères Maristes.

  • des religieuses Sainte-Croix de Jérusalem.

  • des religieuses de Montluzin.

  • des religieuses Petites-Sœurs de la Sainte-Enfance.

auxquels s’ajoutaient :

• des représentants de services diocésains :

  • Coopération développement.

  • Communication (dont RCF).

  • Enseignement religieux (Vienne).

• des anciens collègues de l’ancien professeur agrégé d’anglais :

  • du Lycée du Parc.

  • de l’Ecole Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon.

• des personnalités culturelles, politiques, sociales, de l’enseignement, d’associations, etc.

• d’innombrables laïcs connus ou anonymes…, paroissiens ou non.

Inhumation

La mise en terre eut lieu au cimetière de Loyasse (ancien) à LYON V°, dans l’intimité familiale.

Depuis octobre 1995, le corps de Louis Thomas ACHILLE repose au cimetière de Loyasse (ancien) à LYON V°,
allée 89, ligne 4, 2ème secteur, cases 10 et 11.

Ecouter

Hommage musical rendu par Fourvière FM à son président après son décès, le 18 mai 1994,
dans l’émission « Vous prendrez bien le La ? » par Pierre Bégou chef du département musique : (68 minutes)

En savoir plus

https://louisthomasachille.com/

Notes