Dix statues de femmes mises à l’honneur lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux à voir à l’Assemblée nationale ! La statue de Paulette Nardal présentée dans l'article est visible, sur réservation, à l'Assemblée nationale.
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Le 16 juin dernier, notre précédent éditorial marquait le passage de la Flamme olympique à la Martinique dans des lieux emblématiques des familles Achille et Nardal, notamment le Stade Louis ACHILLE à Fort-de-France.
A Paris, le 26 juillet 2024, sur la Seine lors de l’ouverture des Jeux Olympiques d’été, une cérémonie inédite par son concept (hors d’un stade) comme par son échelle (6 kilomètres sur la Seine au cœur de Paris) a marqué l’Histoire olympique.
Ce fut la plus grande cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à ciel ouvert devant 300 000 spectateurs rassemblés entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iéna, avec retransmission en Mondovision pour plus d’un milliard de téléspectateurs, dont 22 millions en France.
C’est dans ce cadre exceptionnel qu’a une nouvelle fois été mise à l’honneur Paulette Nardal.
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La cérémonie olympique s’est tenue au cœur-même de la Ville-Lumière qui, cent ans auparavant, avait accueilli le monde entier, dont les sœurs Nardal ainsi que leur cousin Louis Thomas Achille, dans le contexte colonial de l’empire français.
Pour Paris 2024, le Comité d’organisation a confié la direction artistique de la cérémonie au metteur en scène Thomas Jolly. Celui-ci a choisi de donner une nouvelle résonance à la devise française Liberté, Égalité, Fraternité.
Après une Marseillaise interprétée depuis le toit du Grand Palais par la mezzo-soprano originaire de Guadeloupe Axelle Saint-Cirel, de grandes figures féminines françaises ont été honorées dans un tableau intitulé Sororité, parmi lesquelles Paulette Nardal.
Il est particulièrement heureux que le rôle essentiel joué par elle et par ses sœurs à Paris, pendant les Années Folles, dans la prise de conscience des peuples noirs de leurs racines culturelles communes soit à nouveau évoqué à Paris, un siècle plus tard, dans le cadre olympique.
En effet, avant de poursuivre leurs études supérieures à Paris, les jeunes Achille et les jeunes Nardal avaient coutume d’allier sport et culture dans leur Martinique d’origine. Aussi, donner un retentissement mondial à l’engagement de ces jeunes étudiantes martiniquaises des années 1920-30 participe à une nouvelle manière postcoloniale d’écrire l’histoire.
La grande figure féminine de la Négritude
L’entre-deux-guerres mondiales avait permis aux afro-descendants esclavagisés et aux afro-natifs, la Diaspora Noire, de se retrouver pour la première fois ensemble dans la capitale française.
Certains d’entre eux se réunissaient dans le Salon des Nardal à Clamart. Ces rencontres régulières devinrent le creuset de ce qu’Aimé Césaire dénomma plus tard, la Négritude. Il ne mentionna pas pour autant le rôle précurseur et décisif des Nardal.
A cette période, l’influence des cultures noires eut un impact considérable sur l’ensemble des arts, transformant la manière d’être au monde.
L’œuvre de Paulette Nardal dont une anthologie partielle vient de paraître, ainsi qu’une première biographie, a été célébrée de façon grandiose sur le fleuve dans un tableau de la cérémonie olympique, entre le pont de la Concorde et le pont Alexandre III, l’un des plus beaux sites parisiens.
Cette évocation à la fois française et internationale aura d’autant plus été signifiante et intense qu’elle a pris place aux abords de l’Assemblée nationale, pour une exposition aux yeux du monde.
Traitement artistique
Pour honorer ces figures de femmes, la mise en scène s’est inspirée des statues situées devant la colonnade de l’Assemblée (Athéna et Thémis d’une part, de L’Hospital, Sully, Colbert et d’Aguesseau d’autre part) auxquelles ont répondu, pour la circonstance, les statues de ces femmes françaises exceptionnelles :
Olympe de Gouges (1748-1793), Alice Milliat (1884-1957), Gisèle Halimi (1927-2020), Simone de Beauvoir (1908-1986), Paulette Nardal (1896-1985), Jeanne Barret (1740-1807), Louise Michel (1830-1905), Christine de Pizan (1364-1431), Alice Guy (1873-1968), Simone Veil (1927-2017).
Droite, en pied, sa canne symbolise le tournant de sa vie que fut le torpillage du paquebot Bretagne, en pleine mer en 1939, qui fit perdre définitivement à Paulette une grande partie de sa mobilité. Les franges de son châle se prolongent à l’arrière, au niveau des pieds, par de puissantes racines évoquent celles du fromager (arbre tropical) pour évoquer sa solide implantation en terre martiniquaise.
Les statues qui ont jalonné cette section de la Seine reposaient sur des socles de 4 mètres, inspirés des pylônes de pierre du pont Alexandre III. Elles ont émergé du fleuve, ne laissant rien voir de prime abord.
Tandis que résonne une version instrumentale arrangée de la Marseillaise, au passage du cortège, chaque statue, également de 4 mètres, est sortie de son socle, laissant quelques secondes pour la présenter dans le commentaire de la cérémonie, accompagné d’un court texte à l’écran.
Le vocabulaire statuaire choisi était plutôt classique et le matériau doré/brillant, dialoguant là encore avec les statues de bronze doré des renommées placées au sommet des 4 pylônes du pont comme on peut le constater sur la capture d’écran ci-dessus.
Une préparation confidentielle
Le Fonds photographique Louis Thomas Achille avait été sollicité il y a quelques mois par la société Paname 2024, chargée de la production exécutive des cérémonies d’ouverture des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, pour la fourniture de l’iconographie sur Paulette Nardal, cousine proche de Louis Thomas Achille.
Les plasticiens se sont alors basés sur des représentations photographiques fournies par la famille Achille pour réaliser la création originale que spectateurs et téléspectateurs du monde entier ont pu admirer, jaillissant de la Seine.
La statue de Paulette a été élaborée à partir de plusieurs photographies prises par Jean-Louis Achille au Morne-Rouge (Martinique) en 1978. Plus particulièrement l’un des tout-derniers portraits de Paulette Nardal, fondatrice de la chorale martiniquaise Joie de chanter, chorale « cousine » du Park Glee Club®, lors de la tournée du Trentenaire de cette dernière chorale lyonnaise (de Negro Spirituals) fondée en 1948 par Louis Thomas Achille.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 une fois achevés, les statues seront remises à la Ville de Paris pour les ériger dans l’espace public, en guise d’héritage d’une cérémonie exceptionnelle qui fait date désormais.
Les enfants de Louis Thomas Achille
27 juillet 2024
Retour sur la cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 et ses références aux combats contre l’esclavage
https://youtu.be/PbCxG16XgTo?si=sBQI1-xUz0GFnjuu
Communication officielle de Paris 2024
Le replay sur france.tv
Le passage de la cérémonie avec la Marseillaise interprétée par Axelle Saint-Cirel, ouvre la séquence qui met à l’honneur 10 femmes française en or, dont Paulette Nardal, démarre à 01:25:27 :
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