Paulette NARDAL, inspiratrice de la Négritude, dans la presse

Paulette NARDAL - collection privée
Portrait de Paulette Nardal (1896-1985), fondatrice de "La Revue du Monde Noir" (1931-1932)

La figure de Paulette NARDAL vient aujourd’hui au cœur de l’actualité qui rend enfin justice à son rôle précurseur dans l’émergence de la Négritude, de journaliste, d’Antillaise engagée dans la bataille des idées, la défense des femmes et la musique chorale.

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« Paulette Nardal, théoricienne oubliée de la négritude »

Le 26 février 2019, Léa MORMIN-CHAUVAC dresse dans le quotidien Libération une portrait de la martiniquaise Paulette NARDAL suite à la récente parution des Entretiens/Mémoires de Paulette NARDAL sous le titre Fiertés de femme noire par Philippe GROLLEMUND chez l’Harmattan. Avec Paulette Nardal, la journaliste relit les prémisses de la Négritude grâce au regard d’une femme noire, alors qu’elle est racontée habituellement d’un point de vue quasi-exclusivement masculin.

Pour quelles raisons ? L’auteure en cite une qui, à l’époque, était rédhibitoire : « au-delà de la misogynie, Nardal attribuait sa lente éviction du mouvement de la négritude à son rejet du communisme, très influent en Martinique dès la fin de la guerre. Impossible pour la très pieuse Paulette Nardal d’être affiliée à l’athéisme rouge. » En effet, c’est grâce à la combinaison d’une richesse familiale culture et sociale, pas financière, d’une foi mise à l’épreuve des événements et du goût du débat et de la particularité de la période historique que Paulette rencontre tant d’autres Noirs de la diaspora à Paris… et à Clamart où elle et ses sœurs tenaient salon car elles étaient venues faire leurs études « en France », disait-on à l’époque. Paulette sera la première étudiante noire à la Sorbonne.

Le « salon » que les Nardal créeront à Clamart constituera un laboratoire d’idées culturelles, et pas directement d’idées politiques. Plus tard, il débouchera sur le concept de Négritude avec Senghor, Césaire, etc.

Paulette Nardal passée d’institutrice à journaliste, assistante parlementaire d’élus africains de colonies françaises, plus une mission pour les Nations-Unies, fondatrice sur le tard de la chorale martiniquaise « Joie de chanter », elle circulera d’un continent à l’autre, propageant par la presse les premiers repères pour la naissance d’une « conscience noire ».

En 1931-32, le lancement bilingue de la « Revue du Monde Noir » (4 numéros seulement) fera date tant ses contributeurs, noirs ou non, émanent de différents continents, concentrant l’essence d’une culture commune. L’initiative ne plaisant pas aux politiques au pouvoir,  ne disposant pas de ressources propres, la revue s’arrêtera mais elle pose un jalon essentiel sur la route

En résumant des mémoires passionnantes l’auteure donne un aperçu de ce que pouvait être la vie d’une jeune femme noire d’une colonie française (jusqu’en 1946) aux Antilles. Sa naissance dans une famille exceptionnelle, elle avait 6 sœurs, a propulsé Paulette dans l’engagement sous toutes ses formes : questions raciales au moment de leur émergence pour le grand public, en les situant avec justesse sur les terrains américain, européen et africain. C’est la culture et le social qui seront la fil rouge de la vie de l’aînée des sœurs  Nardal : littérature, musique, journalisme, féminisme, justice sociale, etc.

Nous reviendrons bien sûr sur le livre de Philippe GROLLEMUND dans une autre publication.

FIERTÉS DE FEMME NOIRE
Entretiens / Mémoires de Paulette Nardal
Philippe Grollemund
Préface de Christiane Eda Pierre
LITTÉRATURE DOCUMENTS, RÉCITS QUESTIONS DE GENRE MONDE CARAÏBES Martinique

« Très sensible à la condition féminine, toujours, avant et surtout après mon séjour parisien. Si j’avais dit ce que je pensais réellement, j’aurais dressé tous les hommes de la Martinique contre moi. Fervente chrétienne, ce fut le choc des Negro spirituals à Paris (1930). Ayant perçu, avant les hommes, la nécessité d’une solidarité raciale, j’ai aussi voulu sensibiliser les femmes à la chose sociale et à la fierté noire, avant-guerre, dans de nombreuses publications puis en Martinique ». Paulette Nardal

Jeune fonctionnaire en Martinique, Philippe Grollemund a découvert Paulette Nardal en chantant dans la chorale qu’elle avait créée 20 ans avant, lui a proposé des entretiens mémoriels, et favorisé le renouveau de sa célébrité (Légion d’honneur, rencontre avec Senghor…). La transcription des entretiens (1975) a été retrouvée en 2016 et remise en forme.

Broché – format : 15,5 x 24 cm
ISBN : 978-2-343-16043-6 • 4 janvier 2019 • 208 pages
EAN13 : 9782343160436
EAN PDF : 9782140109584

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=61827

En 1973, Louis Thomas ACHILLE a également conduit de longs entretiens avec ses cousines Paulette et Jane NARDAL. Nous y reviendrons également sur ce site.

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Exposition « Le modèle noir – de Géricault à Matisse »

Dans le cadre de l’exposition proposée par le Musée d’Orsay intitulée :

plusieurs revues françaises ont proposé des dossiers sur ce thème :

« Du XVIIe siècle à aujourd’hui, LA FRANCE NOIRE »
(Dossier)

Les 33 pages que la revue mensuelle L’Histoire a consacrées, ce mois de mars 2019, à une réalité difficile à définir ne pouvaient passer sous silence le socle de la Négritude que représente Paulette Nardal et ses soeurs.

« La présence noire en France a une histoire : si elle recoupe largement celles des traites et de la colonisation, et donc les débats qui leur sont liés, elle ne se confond pas totalement avec elles.

Au XVIIIe siècle, plusieurs milliers de Noirs séjournent en France, dont le sol garantit la liberté. La logique coloniale remet ce principe en cause mais n’empêche pas l’installation de plusieurs milliers de Noirs. La république universaliste leur fait une place dès 1793. Et avec l’abolition de l’esclavage en 1848, 250 000 nouveaux libres deviennent citoyens de plein droit.

Malgré la violence des discriminations, la France entretient avec sa part noire depuis deux cents ans une relation que seule explique une histoire longue.

Avec Vincent Bollenot, Joël Cornette, Jean Barthélemi Debost, François Héran, Pap Ndiaye, Sylvain Pattieu, Sue Peabody, Isolde Pludermacher, Frédéric Régent, Christelle Taraud.

Événement
« De Diderot à Hadopi. La longue querelle du droit d’auteur »
Par Robert Kopp

L’adoption en 2018 du projet de directive européenne sur la réforme du droit d’auteur à l’ère numérique n’en finit pas de diviser GAFA et « parti pirate » d’un côté, auteurs et industries culturelles de l’autre. Le débat entre protecteurs du droit d’auteur et partisans de la libre circulation des idées court depuis le XVIIIe siècle. »

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Dossier de l’Art n° 267

ISSN : 1161-3122

« Projet ambitieux et important, l’exposition du musée d’Orsay est la première consacrée en France aux modèles noirs qui ont posé devant les artistes au XIXe siècle et au début du XXe, mais dont on ne connaît souvent que le prénom. Conjuguant histoire sociale et politique, histoire des idées et histoire de l’art, elle étudie la manière dont s’élabore, de 1794 à 1930, de Girodet à Matisse, une iconographie dense, complexe et mouvante, accompagnant les évolutions d’un pays qui abolit deux fois l’esclavage tout en jetant les bases d’une nouvelle aventure coloniale. »

https://www.dossier-art.com/numero-267/modele-noir-gericault-a-matisse.51527.php

Les sœurs Nardal et la Revue du Monde Noir y sont mentionnées.

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L’exposition « Le modèle noir » dans les médias audiovisuels

TV5 Monde

La chaîne TV5 Monde propose une visite de l’exposition « Le modèle noir » en vidéo avec le le poète, rappeur, slameur et essayiste Abd Al Malik.

durée : 2 min 36 sec

France culture

La radio de Service Public France culture a consacré la journée complète du 22 mars 2019 à cette exposition du Musée d’Orsay.

On peut retrouver la série d’émissions pour la réécoute :

https://www.franceculture.fr/programmes/2019-03-22

et en particulier :

L’INVITÉ(E) DES MATINS par Guillaume Erner

Le modèle noir, signe des temps

durée : 44 min

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