Ecouter le Park Glee Club®
« Evry time I feel the Spirit »
Ce Negro spiritual fut l’indicatif du Park Glee Club®
© Fonds Louis Thomas ACHILLE
Extrait de l’émission « A l’écoute des voix régionales » de Maurice Jacob sur Radio-Lyon – 1975
restaurée par Jean-Louis ACHILLE en 2018
Paroles (lyrics)
Every time I feel the Spirit
moving in my heart I will pray.
Yes, every time I feel the Spirit
moving in my heart I will pray.
1. Upon the mountain, when my Lord spoke,
out of God’s mouth came fire and smoke.
Looked all around me, it looked so fine,
till I asked my Lord if all was mine. [Refrain]
2. Jordan River, chilly and cold,
it chills the body but not the soul.
There is but one train upon this track;
it runs to heaven and then right back. [Refrain]
3. All around me it looked so shine
I asked my Lord if all was mine [Refrain]
Negro spiritual et éducation à Lyon
A la fin des années 1940, il a pu paraître incongru de parler de Negro spirituals dans un lycée d’Etat, a fortiori de vouloir les faire chanter en classe par les élèves. Mais les combattants noirs-américains venus libérer l’Europe venaient de commencer à populariser autour d’eux cette musique populaire créée dans la souffrance par des esclaves outre-Atlantique.
Certes, il y en avait un dans un manuel d’anglais de classe de première mais, de là à ce que le professeur se mette à le chanter au lieu d’en faire travailler les paroles aux élèves, seul Louis Thomas ACHILLE revenant de 9 années passées en milieu afro-américain avant-guerre, pouvait faire une telle proposition. Et ce fut donc à Lyon, cité réputée à l’époque pour sa fermeture sur elle-même, par un professeur noir vêtu d’un uniforme militaire (sans insignes).
La découverte progressive des spirituals par ce professeur à la pédagogique participative inattendue apprise aux USA ouvrit des portes et ils se répandirent progressivement dans toute l’agglomération, et bien au-delà.
Lire à ce sujet le témoignage de Daniel BERNARD, Ambassadeur de France aux Pays-Bas, ancien élève du Lycée du Parc (1952-1960) et ancien membre du Park Glee Club® :
La chance a voulu que Monsieur Louis T. ACHILLE soit mon professeur d’anglais en cinquième par Daniel BERNARD
Passé le quart d’heure d’exotisme, les élèves eurent rapidement compris qu’il y avait dans ces chants populaires sacrés et de libération quelque chose qui pouvait faire bouger le rituel solennel des fêtes de Noël du lycée et bien plus encore.
De chorale d’anglais de lycée à chœur spécialisé : naissance du Park Glee Club®
La tradition des chorales de lycée était présente au lycée du Parc quand Louis Thomas ACHILLE y arriva en 1946, en particulier une chorale d’anglais.
Son expérience américaine, vécue récemment à Washington et Atlanta en milieu noir-américain, lui permit de développer rapidement la formule des « Glee Clubs », groupe de personnes se réunissant pour chanter en se réjouissant ensemble, ici dans ce lycée lyonnais, pour interpréter ensemble ces chants d’esclaves dont ni les origines, ni les conditions de vie ne ressemblaient à celles des jeunes choristes. Le mot « Park » authentifia l’ancrage dans le quartier du Parc de la Tête d’Or de Lyon 6° et de son lycée voisin. Ainsi naquit le »Park Glee Club« ®.
Ni le répertoire, ni les méthodes peu académiques, ne rassuraient l’administration ou les collègues, mais, dès les premières prestations et par le bouche à oreille des choristes, l’originalité de groupe vocal anglophone fut non seulement admise mais presque jalousée.
Ecouter le Park Glee Club®
« Swing low, sweet chariot »
© Fonds Louis Thomas ACHILLE
extrait d’une émission « A l’écoute des voix régionales » de Maurice Jacob sur Radio-Lyon – 1975
restauré par Jean-Louis ACHILLE en 2018
Métissage culturel et partage pratique d’expérience
Louis T. Achille n’a cessé d’apporter à ses choristes et à leur public une conviction solide quant au caractère universel du message des Negro spirituals.
Sa compétence exceptionnelle tant historique que musicale sur les Negro spirituals permettait de comprendre, par la pratique collective, ce que d’autres se contentaient d’écouter. Son vécu personnel pendant une décennie aux U.S.A., en pleine période de ségrégation raciale, apportait la véritable couleur irremplaçable de cette musique que, selon la tradition d’origine, les chanteurs étaient invités à harmoniser eux-mêmes. La chorale étant composée d’abord exclusivement d’élèves d’un lycée, les effectifs se renouvelant chaque années, les harmonisations et la couleur vocale étaient sujettes à une évolution permanente.
Méthode du Park Glee Club®
voir l’article qui lui est consacré en cliquant ici
Le Park Glee Club® animateur d’innombrables festivités
Dans l’agglomération lyonnaise
- à la Foire de Lyon,
- dans les églises,
- sur les places publiques,
- dans différentes salles de la ville ou privées,
- au sein d’établissements scolaires,
comme pour l’inauguration de la NEF à l’établissement Bellevue (La Mulatière) - le soir de la Fête du 8 décembre puis de la Fête des lumières,
- pour la fête nationale américaine (4th of July),
- à l’occasion de Thanksgiving,
- pour des inaugurations, assemblées générales, etc.
- au stade de Gerland avec 40 000 jeunes, par des volontaires, pour accueillir le pape Jean Paul II, le 5 octobre 1986
- à Lyon, avec le Dr Martin Luther KING Jr., le 29 mars 1966.
C’est le Park Glee Club® qui eut l’insigne l’honneur et la grande joie d’accueillir musicalement à la Bourse du Travail de Lyon, le défenseur des droits civiques des Noirs-Américains et Prix Nobel de la Paix (1964), avant qu’il n’offrît sa vie pour sa cause le 4 avril 1968.
Regarder l’archive sur le site de l’INA :
https://www.ina.fr/video/LXC9610232511
Mais, ironie de l’histoire, Louis T. ACHILLE ne fut pas présent personnellement à ce moment devenu historique.
Il avait confié la direction du chœur à Jean-Jacques Léogier, l’un de ses choristes, car il participait au même moment, au Sénégal, au 1er Festival mondial des Arts nègres, autre événement fondateur, répondant à l’invitation de son ami et ancien condisciple de khâgne, Léopold Sédar Senghor, Président de la République du Sénégal, chantre de la Négritude et académicien français.
A Dakar, l’intervention de Louis T. ACHILLE, membre du jury Musique, porta sur « Les negro spirituals » (parue aux éditions Présence Africaine « Colloque sur l’Art nègre » Rapports : Tome I pp. 360-377 par la SOCIETE AFRICAINE DE CULTURE) - le 15 janvier 1986, en hommage à Martin Luther KING Jr., à la primatiale Saint- Jean-Baptiste de Lyon, avec John LITTLETON
- etc.
Dans plusieurs régions françaises
- en avril 1994 à Nantes, ancienne ville négrière, à l’invitation des associations nantaises « Mémoire de l’Outre-Mer » et « Mémoire et Missions », concert au cœur de l’exposition « Les Anneaux de la Mémoire« sur la Traite des Noirs, dans le Château des Ducs de Bretagne, une dizaine de jours seulement avant le décès de Louis T. Achille. Puis concert dans l’église Notre-Dame du Bon-Port et animation à la fin de la messe à la cathédrale Saint-Pierre de Nantes :
- à Paris sur la place Saint-Sulpice pour le Marché de la Poésie,
- au Collège Stanislas de Paris,
- en la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, à Narbonne,
- en 1978 à la Martinique, île natale de son fondateur, pour célébrer son 30ème anniversaire le Park Glee Club® rassemblera un ensemble de chorales martiniquaises, autour de la chorale-sœur martiniquaise du PGC : Joie de chanter, direction Jacques Catayée. Cette dernière fut fondée après le Park Glee Club®, en Février 1954, par Paulette NARDAL, cousine germaine de Louis T. ACHILLE, inspiratrice du mouvement de la Négritude. Par la suite, Joie de Chanter a été animée par Alice EDA-PIERRE, sœur de Paulette Nardal, professeure de piano et mère de l’artiste lyrique internationale Christiane EDA-PIERRE.
Voir aussi :
Ensemble pour le Negro Spiritual
AVEC PAULETTE NARDAL ET LOUIS THOMAS ACHILLE
Aux Etats-Unis
En août 1988, à l’occasion de son 40ème anniversaire le Park Glee Club®, guidé par son fondateur, partira sur les traces de Martin Luther KING Jr.
A Atlanta, il chantera dans l’Ebenezer Baptist Church du pasteur Prix Nobel de la Paix, puis à Philadelphie, à la Nouvelle-Orleans, et même dans le « Temple Square » des Mormons à Salt-Lake City.
Enfin, en apothéose, le célèbre chant de lutte non-violente « We Shall Overcome » s’élèvera des voix du c(h)œur lyonnais, devant la tombe de Martin Luther KING Jr.
Des générations de jeunes marquées à vie
Ainsi, d’année scolaire en année scolaire, de 1948 jusqu’en 1994 à la veille de la mort du fondateur et directeur, environ trois milliers d’élèves du lycée du Parc, participeront aux activités du Park Glee Club, sous la direction de Louis T. ACHILLE : répétitions, animations, concerts, voyages, sorties, sans oublier l’indispensable convivialité régulièrement offerte dans les jardins de lyonnais bienveillants. Ce que le chef de chœur leur a transmis va bien au-delà du chant : une manière d’être, d’exister à l’échelle du monde, avec un regard soucieux de liberté et de justice.
A Lyon en solidarité avec Montgomery (Alabama)
En 1956, en solidarité avec ses frères Noirs des Etats-Unis à la suite de Rosa Parks boycottant les bus de Montgomery (Alabama) en décembre 1955, Louis T. ACHILLE écrivit le seul et unique Negro spiritual « lyonnais » :
I will walk on my own legs till Kingdom come ! (Je marcherai sur mes deux jambes jusqu’à l’avènement du Royaume!).
Souvent interprété en solo par son auteur, le « spiritual lyonnais » sera néanmoins repris par les choristes et parfois avec le public des concerts.
Ecouter I will walk on my own legs till Kingdom come par le Park Glee Club® sur Radio Lyon en 1975
Intuitu personae
Au-delà d’une chorale, le Park Glee Club® fut le témoignage personnel, vivant et intime d’une vie.
Face à l’interruption soudaine de celle-ci le 11 mai 1994, après avoir chanté la veille, comme chaque mois, la prière pour la paix avec quelques choristes volontaires en l’église Saint-Bonaventure de Lyon, l’œuvre personnelle de Louis T. Achille s’acheva, trouvant tout son sens sur ce dernier chemin. Elle emporta avec elle son identité propre.
A ce moment-ci, fidèle à son intention maintes fois manifestée, l’œuvre la plus chère de Louis T. Achille, le Park Glee Club® a été appelée à prendre une nouvelle identité afin de pouvoir continuer à diffuser librement les spirituals d’une manière qui ne sera jamais plus la même.
Lire l’article sur les Groupes issus du Park Glee Club®